La façon dont un tissu ou un organe va croître dans l’embryon est intimement relié à ses propriétés mécaniques: en proliférant (se démultipliant), les cellules exercent une pression sur le tissu environnant, qui va lentement se déformer et croître. Si on veut comprendre la forme des organes, il est donc important de pouvoir mesurer ses propriétés mécaniques. Ce qui n’est pas évident lorsque l’organe en question fait 0.1 mm de diamètre et a la consistance d’une gelée molle. Cet article relate les méthodes que nous avons mises en place pour caractériser les propriétés biomécaniques de l’intestin embryonnaire. Nous y présentons:
- Les premières cartes d’élastographie par AFM (microscopie à force atomique) d’un tissu embryonnaire fraîchement disséqué. Outre le protocole, nous montrons que les contrastes d’élasticité au sein du tissu sont conservés après fixation chimique (en paraformaldéhyde) ce qui permet de réaliser des marquages immunofluorescents et donc de corréler l’élasticité avec le type cellulaire.
- Un protocole de mise sous tension uniaxiale utilisant un levier en fibre de verre permettant d’appliquer des forces avec une résolution de 10 nanoNewton et de mesurer les modules élastiques du tissu.
- Un protocole de canulation de l’intestin embryonnaire et de mise sous pression hydrostatique ou osmotique qui permet de mesurer le module élastique orthoradial de petits tissus cylindriques: intestin, artère, veine etc.
Schéma (a) et photographie (b) du banc de traction uniaxiale pour la mesure du module élastique (c) d’intestins embryonnaires. (d) Schéma et photographie (e) du dispositif de mise sous pression des intestins embryonnaires permettant de mesurer leur module élastique orthoradial. (f) Carte d’élasticité AFM (clair : raide, foncé : mou) d’un intestin embryonnaire fixé en formaldéhyde et mise en évidence de l’histologie de cette section par marquage immunofluorescent (g, vert : neurone entérique, rouge : muscle lisse).